Ce 3 juillet 2015, je ne l'oublierai jamais. Cette date restera à jamais gravée dans ma mémoire comme le début. Initialement, le début d'un merveilleux projet, celui de te rencontrer, toi mon enfant tant désiré. J'étais tellement loin de m'imaginer tout ce par quoi, ton père et moi allions passer, juste pour te rencontrer.
03 juillet 2015, dernier jour de prise de pilule. C'est décidé, papa et moi on se lance sans filet. Nous avions, à cette époque, respectivement 27 ans pour moi et 28 ans pour lui. Nous sommes prêts à devenir parents. Notre situation personnelle, professionnelle et matérielle est enfin propice à accueillir un enfant. Nous sommes prêts. 6 ans de vie commune, 2 ans de mariage, un amour inconditionnel nous uni. Nous sommes prêts. Et je suis prête à devenir maman, à tomber enceinte, à ressentir toute cette effervescence autour de la grossesse.
Mais j'ai un peu peur aussi. Pas de devenir maman, non loin de là. Mais j'ai peur de mon corps. Ce corps qui depuis la puberté me fait souffrir dès que j'ai mes règles. Ce corps qui chaque mois me tord de douleur. Je prends la pilule depuis mes 15 ans, justement pour limiter les douleurs liées à mes règles. Ma gynécologue de ville est persuadée qu'avec une bonne contraception, les douleurs disparaitront. Alors pourquoi des années après je souffre toujours autant ? J'ai tellement mal chaque mois, que ma gynéco me propose alors de prendre la pilule en continue à mes 25 ans, pour ne plus avoir mes règles et donc ne plus souffrir... C'est tout ? ça s'arrête là ? Pilule en continue et basta ? Pas d'examen, pas de suspicion de quoi que ce soit ? Et bien non, pilule en continue et puis c'est tout.
Effectivement, sans règles plus de douleurs, me voilà soulagée. Mais une petite voix au fond de moi me dit que ce n'est pas normal, qu'il y a forcément autre chose derrière tout ça. Mais bon, je ne suis pas médecin, je laisse les professionnels faire leur travail et je continue ma vie.
03 juillet 2015, ma dernière plaquette de pilule est terminée, on y va, on fonce. Je suis lucide, après presque 15 ans sous contraception, je ne vais tomber enceinte en deux jours. Mais peu importe, nous avons le temps, le temps d'attendre. J'ai imaginé un nombre incalculable de fois ce jour où je me rendrai compte que j'ai du retard, et que le test de grossesse me montrera un merveilleux +.
Je décide de retourner voir ma gynéco afin de lui expliquer que je désire avoir un enfant et que j'ai arrêté ma pilule. J'ai peur surtout d'avoir de nouveau mal tous les mois. Elle me prescrit des anti-douleurs juste au cas où et des examens à passer (bilan hormonal, IRM pelvienne pour suspicion d'endométriose). Endométriose ? Tiens ça me parle ce mot, j'en ai déjà entendu parler. Je connais même des jeunes femmes qui en souffrent. Sans trop savoir exactement en quoi ça consiste, mais je sais que dans la plupart des cas ça peut être un frein à la fécondité... Bon bah super réjouissant tout çà. De quoi bien me flipper dès le début du projet bébé.
Au final, examens normaux. Tout est OK. Enfin OK selon les médecins mais pas pour moi. Les premiers mois sans pilule, je m'en souviens. Des règles au naturel, des vraies règles. Et bah mon vieux, je les sens passer celles là. Mais qu'importe, je vais tomber enceinte rapidement, c'est obligé, les examens sont bons. Pas de raison de paniquer (lol).
Si la Alexandra de 2019 pouvait parler à la Alexandra de 2015, elle lui dirait ceci : "Serres les dents ma chérie, t'es pas au bout de tes peines !"
Illustration by Dju Lala
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